La presse a changé d'intérêt. Les angoissés, avec leur crise ou pas, sont un vrai sujet commercial. Avant, les petits bobos des gens, ça ne la touchait que moyennement. Aujourd'hui, plus c'est pathos, mieux ça marche. On pourrait croire que ça aide, pourtant, informer fait parfois plus de mal que de bien. En effet ces articles font toujours la pub des soins médicaux-psy... Voyons, ce que ces témoignages font ressortir en réalité. Je rappelle que je ne fais pas de psychologie ou de psychiatrie mais de ce que l'on pourrait appeler de l'observance factuelle.
Histoires de femmes et d'hommes: les angoissés témoignent, Diane explique
Veuillez noter :
- ces témoignages sont publics, rapportés tel quel dans la presse.
- souvenez-vous que nous ne savons pas ce que sont devenues ces personnes; il ne faut donc pas préjuger de l'efficacité dans le temps des méthodes de relaxation certes bonnes et aidantes mais non définitives, que les témoins ont utilisées
- les témoins ne font pas la différence entre crise d'angoisse et attaque de panique
Les Angoissés "au comble du bonheur"
1/ Olivia, 32 ans : « Je cuisine avec mon mari pour détruire mes angoisses »
"Il y a quatre ans, j'étais en voyage de noces en Martinique. J'étais au comble du bonheur.
Dans une chambre d'hôtel magnifique, allongée près de l'homme que j'aime, j'ai cru que j'allais mourir. Ambulance, hôpital… Quand tout problème physiologique a été écarté, le verdict est tombé : attaque de panique. Ça m'a laissée abasourdie.
Une crise d'angoisse alors que je n'avais jamais été aussi heureuse, ce n'était pas possible !
Mon mari l'a assez mal pris. On a eu beau lui expliquer qu'il s'agissait d'un simple dérèglement biologique, difficile pour lui de ne pas le prendre un peu « perso »… Surtout qu'à mon retour, ça ne s'est pas calmé.
Contrairement à beaucoup de personnes qui ont peur de sortir de chez elles, moi, je vivais dans la terreur de rentrer chez moi.
Quant à avoir une vie sexuelle normale, il ne fallait plus y penser. Chaque soir, en retrouvant mon mari, j'étais percluse d'angoisse, mais en plus j'étais rongée par la culpabilité de lui faire subir ça.
J'ai tenté beaucoup de choses : relaxation, yoga, thérapie de couple, sans résultat. Et puis, je me suis aperçue d'un truc : lorsque j'avais peur de déclencher une crise et que je me réfugiais dans ma cuisine, ça allait beaucoup mieux. Je ne sais pas si c'est le fait de cuisiner ou de me retrouver dans un endroit qui a pour symbolique la chaleur du ventre nourricier.
J'ai alors soumis cette proposition à mon mari : chaque soir, on allait cuisiner ensemble. Il a dit OK. Je ne peux pas expliquer ce qui s'est passé, sinon peut-être que, en l'intégrant dans ma zone de sécurité, je me suis sentie de nouveau en confiance.
Depuis que nous cuisinons chaque soir ensemble, je ne fais plus jamais fait de crise. Et la première fois qu'on a refait l'amour, ça s'est passé sur la table de la cuisine ! (femina-mes-crises-d-angoisse)
L'avis de Diane sur le cas d'Olivia:
Olivia souffrait de l'ANGOISSE CONDITIONNELLE AIGUË "du mari"
Olivia nous dit:
j'ai tenté beaucoup de choses : relaxation, yoga, thérapie de couple, sans résultat. Et puis, je me suis aperçue d'un truc : lorsque j'avais peur de déclencher une crise et que je me réfugiais dans ma cuisine, ça allait beaucoup mieux. Je ne sais pas si c'est le fait de cuisiner ou de me retrouver dans un endroit qui a pour symbolique la chaleur du ventre nourricier. J'ai alors soumis cette proposition à mon mari : chaque soir, on allait cuisiner ensemble. Il a dit OK.
en l'intégrant dans ma zone de sécurité, je me suis sentie de nouveau en confiance.
Et la première fois qu'on a refait l'amour, ça s'est passé sur la table de la cuisine.
Il est évident ici que l'élément déterminant de cette angoisse est LE MARI.
Ce qui me permet de le dire:
- première crise pendant le voyage de noce avec bien sûr son mari,
- lors du retour chez soi où elle retrouvait son mari le soir;
- son lieu de soulagement est la cuisine qui symboliquement est un endroit féminin donc détaché du mari. Par ailleurs cette cuisine pour elle "symbole de chaleur du ventre nourricier" compense sûrement une faible capacité (très fréquente parmi les hommes), à donner une affection de qualité et en quantité suffisante ;
- besoin d'une" zone de sécurité" personnelle, "ma zone", et besoin de décider par elle-même de l'inviter à y entrer
- besoin de partager quelque chose de fort avec son mari, d'avoir de la complicité avec lui régulièrement "chaque soir " (besoin féminin naturel sans lequel la femme ne se sent pas bien)
- difficultés sexuelles liées au couple qu'elle forme avec son mari
- reprise d'une vie sexuelle satisfaisante dans ce lieu du quotidien investi de sentiments, sentiments apaisés par le bon choix du mari qui a dit "oui" (sa présence)
- le symbole du bonheur pour elle, c'est la présence de son mari, son mariage avec lui, leur proximité
Avant que quelque chose ne rassure son Cœur, elle était dans l'angoisse. Angoisse peut-être de s'être trompée de conjoint... Des choses simples ont inversé la vapeur : une observance, de la communication et de la mise oeuvre.
Les angoissés qui "prennent des antidépresseurs qui aggravent la situation puis font une psychanalyse"
2. Adeline, 36 ans : « J'ai cherché à rationaliser mes angoisses »
"J’ai eu ma première crise d'angoisse à 18 ans sur un quai de gare.
J'ai d'abord ressenti un frisson, suivi d'une douleur dans le ventre, et j'ai eu alors l'impression de commencer à transpirer de l'intérieur. Puis mon cœur s'est mis à battre à cent à l'heure, ma tête s'est mise à tourner et j'avais du mal à respirer. J'étais sûre de déclencher une crise cardiaque ou une rupture d'anévrisme !
Il fallait que je demande de l'aide autour de moi, mais j'étais dans l'impossibilité de bouger, d'émettre un son. J'ai pensé que j'allais mourir sur ce quai de gare.
Ça n'est pas arrivé, car « ce n'était qu'une crise d'angoisse », donc rien de grave, m'ont dit les médecins. Après cette première crise, je me suis mise à avoir peur de ma peur, ce qui était presque aussi terrorisant avec en plus l'impression de devenir folle.
J'ai commencé à éviter tous les endroits susceptibles de provoquer une crise. Pour moi, le métro, le train ou simplement les quais de gare sont devenus « inenvisageables ». J'ai arrêté mes études et éliminé les grands magasins, le cinéma, les restaurants, les cafés…
J'ai pris des antidépresseurs, fait du yoga, du sport. Presque toujours, c'était pire.
Ma vie se résumait à une perpétuelle peur de l'angoisse, tellement réductrice et insupportable.
J'ai alors entamé une psychanalyse et commencé une « plongée en moi ». J'ai ainsi pu remonter la bande de ma première crise et découvrir ce qui l'avait déclenchée.
A l'époque, je venais de passer mon bac et je ne savais pas trop quoi faire de ma vie. Une infinité de possibles s'ouvraient à moi et j'ai été prise d'une sorte de vertige. Etre en mesure de rationaliser mes crises, c'est ça qui m'a aidée. Désormais chaque fois que je sens monter l'angoisse, je répertorie mentalement les contrariétés de la journée qui ont pu ébranler ma stabilité émotionnelle. J'ai ainsi désamorcé beaucoup de crises, bien que je ne puisse pas toutes les éviter. Maintenant, quand je sens qu'une crise monte, je l'accepte, je la laisse me traverser. Je ne mets plus de barrage, elle peut s'exprimer, car je sais qu'elle a toujours un sens, même si je ne l'ai pas compris. Son expression est alors fulgurante : elle se réduit à un grand frisson ne durant que quelques secondes. Ensuite… tout va bien ! (femina-mes-crises-d-angoisse)
L'avis de Diane sur le cas d'Adeline:
ADELINE éprouve l' Angoisse conditionnelle aiguë "de l'AVENIR"
qui lui déclenche des crises de panique
Elle nous dit :
je venais de passer mon bac et je ne savais pas trop quoi faire de ma vie. Une infinité de possibles s'ouvraient à moi et j'ai été prise d'une sorte de vertige.
Cette angoisse est une des plus répandues.
- Le refus ou l'incapacité de choisir une vie ou au moins une voie plutôt qu'une autre,
- le refus d'avoir des convictions personnelles FORTES,
- le refus ou du moins le manque d'énergie à donner un sens à sa vie bien avant 18 ans
génèrent des doutes insupportables quant à l'AVENIR et à ce qu'il nous réserve.
Les angoissés n'ont pas à culpabiliser pour 5 raisons:
Mais il n'y a pas à culpabiliser plus que de raison car la condition sine qua non à cet état de Coeur est
- une ambiance sociale et politique qui abandonne l'individu à "tous les possibles" au lieu de les guider vers une
- utilité professionnelle valorisante,
- financièrement profitable et
- donnant un sens à la société tout entière en plus de
- donner un sens à chacun.
Elle ajoute :
J'ai commencé à éviter tous les endroits susceptibles de provoquer une crise.
Autres conditions à ses crises d'angoisse: le lieu. Un lieu où peut se tenir la foule.
La foule en elle-même n'est pas le problème, le problème c'est la perception que notre Cœur nous renvoie de notre propre condition au milieu d'elle.
Il vit aux alentours de la crise une expérience émotionnellement difficile et la raison, c'est à dire l'esprit, est trop bâillonné pour garder le contrôle.
Voir aussi:
10 secrets sur l'angoisse la tyrannie du cœur
Désormais chaque fois que je sens monter l'angoisse,je répertorie mentalement les contrariétés de la journée qui ont pu ébranler ma stabilité émotionnelle.
J'ai un sérieux doute que lors d'une montée d'angoisse, elle ait le temps de "répertorier mentalement les contrariétés de la journée"...
2. Amélie, 41 ans : « J'ai trouvé secours sur Internet »
"A 30 ans, en deux mois, j'ai perdu mes deux grands-pères. Mon père était mort quand j'avais 16 ans et ma mère lorsque j'en avais 23… C'était rude. La crise m'a saisie dans la voiture de mon oncle deux mois plus tard. J'ai cru que j'allais mourir et le monde autour de moi est devenu hostile. Arrivée chez moi, je me suis enfermée, puis je suis allée me coucher. En me réveillant, j'étais dans le même état. Mon cœur battait à tout rompre, j'avais des vertiges et du mal à respirer. Curieusement, la première idée qui m'est venue, c'est de chercher secours sur Internet. J'ai tapé « extrême angoisse » et je suis tombée sur un site québécois, Déploie tes ailes, qui décrivait ce que je ressentais. Il délivrait surtout des outils pour gérer la crise : technique de relaxation express, pratique de la respiration par le ventre. J'ai été en mesure alors d'appeler mes amis, qui se sont relayés pour dormir chez moi durant l'absence de mon compagnon. Ensuite, le médecin a bien confirmé la crise d'angoisse et m'a mise en arrêt maladie. Ma crise a malheureusement duré plus de sept mois. Bien sûr, je n'avais plus la sensation aiguë de mort imminente, mais l'angoisse était latente. Sortir de chez moi était la plus grande de mes peurs. J'ai appris en consultant le site que je souffrais de « déréalisation », c'est-à-dire que je ne percevais plus le monde de façon normale. Prendre le métro représentait un danger extrême. J'ai expérimenté sur ce site la technique de l'exposition progressive : un jour descendre dans la station, un autre sur le quai, puis monter dans la rame en augmentant peu à peu le nombre d'arrêts. Il donnait des exercices pour réapprivoiser ses réactions physiques : j'étais affolée à l'idée d'avoir un vertige, alors je m'entraînais à tourner sur moi-même, jusqu'à ce que la tête me tourne, pour pouvoir constater qu'il ne m'arrivait rien. Un psychologue m'a conseillé de pratiquer la méditation de pleine conscience, qui m'a été d'une grande aide aussi, car elle m'a appris à être dans le présent et non dans l'anticipation. Depuis, je n'ai plus de crise. Au final, cette expérience a été bénéfique. Je sais que j'ai beaucoup de ressources en moi. Je me sens bien plus forte.
Au beau milieu d'une journée de travail tout ce qu'il y a de plus normal, je me suis vue mourir. Ou, du moins, j'en ai eu l'impression: je faisais une crise d'angoisse. Ma gorge s'est contractée, mon rythme cardiaque s'est emballé, et ma respiration s'est accélérée, tandis que je m'efforçais de reprendre le contrôle de mon corps, persuadée que ma fin était proche.
Je trouvais absurde (et en même temps, pas tant que ça) d'avoir peur de manquer d'air. Je me suis enfermée dans les toilettes pour pleurer, et j'ai dû partir plus tôt pour aller voir un médecin, qui m'a dit que tout allait bien. J'ai eu l'impression de ne pas être normale et je me suis demandé ce qui avait pu provoquer cette défaillance. J'avais suffisamment d'air. Mon rythme cardiaque était normal. Mes poumons fonctionnaient parfaitement. Mais ma crise d'angoisse m'avait fait perdre le sens des réalités.
Ce n'était pas la première fois que j'avais peur pour ma vie, de manière subite et intense, sans aucune raison rationnelle. Mes crises d'angoisse ont commencé après un licenciement. Mais elles ont continué après que j'aie retrouvé du travail. L'anxiété s'est insinuée en moi durablement. Je ne me faisais plus confiance, et je ne faisais plus confiance à mon corps. Chaque fois qu'une pensée négative me venait à l'esprit, j'imaginais toujours le pire: "Tu n'as pas suffisamment d'air, ton rythme cardiaque est trop rapide, tu es en train de mourir, sors de ce bureau." Pendant que mes collègues tapaient sur leur clavier à côté de moi, et se montraient productifs, je me battais pour ma survie. Contre mon propre corps.
Ces crises de panique étaient chronophages et m'empêchaient de travailler. Malgré des délais serrés, j'interrompais ma tâche pour marcher dans un jardin voisin, où je faisais les cent pas entre les arbres jusqu'à ce que j'arrive à me prouver que mon corps allait bien. Ce qui est accablant avec les crises d'angoisse, c'est qu'on se met à redouter les suivantes. La honte m'isolait et m'empêchait de demander de l'aide. Je ne voulais pas que mon patron et mes collègues me considèrent comme une personne indigne de confiance, alors j'ai gardé ces crises pour moi.
Il a fallu procéder par tâtonnements: un bon thérapeute, des livres de développement personnel et du temps pour ré-entraîner mon cerveau à refaire confiance à mon corps. Faire la paix avec moi-même est un processus que j'affine encore aujourd'hui, mais toutes les personnes paniquées peuvent l'apprendre, qu'elles souffrent d'un trouble panique clinique ou qu'elles ressentent une peur intense de manière épisodique. Voici quelques astuces, validées par des spécialistes, que je partageais avec mon moi angoissé. Elles peuvent être utiles à tous ceux qui ressentent un sentiment de panique insidieux sur leur lieu de travail. huffingtonpost.fr